• Image dévorante

     

     

    Qui peut être sincère ?

     

    Qui peut se permettre d’être sincère ? Par tous les médias, par l’obsession selfique de chacun, par la rumeur devenue vecteur de « vérités », il n’est plus d’opinion qui ne soit soumise au jugement d’autrui, et censurée par anticipation. Je dit ce que Je croit que l’Autre veut entendre, ou doit entendre. Mon opinion est la proie de l’opinion que je me fais de l’opinion de l’autre. Ce labyrinthe de miroirs nous promène dans une fête foraine une fête triste. L’enfer, c’est la com.

       Ne ricanons pas des hommes politiques, des syndicalistes, des journalistes et de toutes les personnes « en vue », qui surveillent leur langage, leur composition, leur jeu de mains, qui respectent les codes de la com. Nous sommes bien tous les mêmes. Moi-même, j’ose à peine dire en public que je crois en Dieu, sachant que je serai incompris (au mieux) ou moqué (plus sûrement). Ou pire encore, j’aperçois ce petit regard et ce sourire condescendant de celui qui pense : « Le pauvre, on ne va pas le contrarier. » Je suis toléré parce que je ne suis pas contagieux.

       Nous ne sortons jamais du jugement perpétuel. « L’œil était dans la tombe... » Qui ose sortir de sa propre tombe ?

     

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  • Shakespeare 

     

    Les personnages bons

     

    Shakespeare a mis en scène tant de personnages odieux, presque monstrueux, de Richard III à Macbeth, que l’on oublie l’extraordinaire humanité dont il a empli quelques-uns. Même les « traîtres » comme le roi Lear, qui renie sa fille préférée et entraîne son royaume dans une noire tragédie, sont encore gratifiés d’une tendresse et d’une forme de bonté étonnantes. 

       En général, les « justes » sont discrets, on les retrouve parmi les personnages secondaires : Horatio dans Hamlet, Malcolm dans Macbeth, ou Pauline dans Un conte d’hiver. L’exception est sans doute le personnage de Don Pedro dans Beaucoup de bruit pour rien. Il est central. C’est lui qui conduit l’intrigue, qui, littéralement, met en scène la pièce (Shakespeare se cache certainement derrière). Il est absolument généreux : il donne tout pour rien.

       Il est l’exact contraire de son demi-frère, Don John (I, 3, c. 11) :

     

    ‘It must not be denied but I am a plain-dealing villain.’

    « On ne peut nier que je suis ouvertement méchant. »

     

       La bonté de Don Pedro est telle que le pauvre Bénédict, un peu niais quand même, n’y comprend rien et lui dit (V, 4, 24) : 

     

    ‘Prince, thou art sad : get thee a wife, get thee a wife !’

    « Prince, tu es triste : trouve-toi une femme, trouve-toi une femme ! » 

     

       Mais le Prince n’est pas triste. Il ne travaille pas contre rétribution. Et cela dépasse le sens commun. La bonté est une qualité rare.

     

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  • L’ici-bas

     

    La bassesse chinoise

     

    Le sort que les Chinois réservent aux Ouïghours ne relève pas seulement de la haine. On peut parfois, peut-être, comprendre la haine quand elle est suscitée par la jalousie, l’envie, la concurrence déloyale... Elle peut prendre alors des formes violentes, plus ou moins hideuses. Mais une haine systématique, froide, méthodique, organisée, appliquée comme celle qui s’abat sur les Ouïghours, l’élimination programmée d’une culture, l’éradication d’un peuple, le harcèlement de ses représentants, même ceux qui ont fui à l’étranger, l’acharnement sadique contre ses semblables, tout ce comportement satanique relève de la haine la plus basse, celle qui se cache au tréfonds de l’âme noire des scélérats.

       Est-ce encore de la haine ? Qu’y a-t-il de plus bas que la haine ?

       Cette bassesse fait qu’on ne peut plus rien échanger avec les Chinois, à part de l’argent. Ce qui ajoute à la bassesse.

     

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  • Portfolio 

    Nés sur la même planète

     

     

     

     

                  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Mimétisme divin

     

    Dieu data center

     

    Puisque l’on ne peut pas se passer d’un Créateur, il faut l’imaginer super puissant, quelque chose comme un super data center, capable de calculer en une fraction de seconde des milliards de milliards d’opérations, en un feu d’artifice mathématique spectaculaire comme le Big Bang. L’idée est séduisante, mais c’est une superstition de plus. C’est encore une façon de nous persuader que Dieu, c’est un peu nous en mieux. Quel orgueil ! Car l’incroyable résultat du Big Bang, cette merveille mathématique, c’est vous et moi, 14 milliards d’années après. Modestement, nous ne prenons notre place que 14 milliards d’années après. Cette fausse pudeur est un cache misère : le but, c’est toujours d’arriver à moi ! Et pas n’importe quel moi, le chef-d’œuvre de la Création*.

       Nous sommes de piètres imitateurs et quand nous poussons Dieu lui-même à nous imiter, nous sommes carrément ridicules ! La chose n’est pas nouvelle. Quand les humains ont inventé cette merveille qu’est l’horloge, ils ont tout de suite pensé que Dieu était un Grand Horloger. Il ferait pâle figure aujourd’hui.

       Et si Dieu était autre chose qu’un super geek ?

     

    * Shakespeare, évidemment, avait perçu la supercherie. Il avait chargé Hamlet de nous la révéler : 

     

    Quel chef-d’œuvre que l’homme ! Il est noble par sa raison !  Ses facultés sont infinies ! Son apparence, ses gestes sont d’une expression admirable ! Dans l’action, il ressemble à un ange ! Par sa pensée, il est l’égal d’un dieu ! Il est la beauté du monde ! Le parangon des animaux ! Et pourtant, à mes yeux, qu’est-il d’autre qu’un petit tas de poussière ?  

     

    What a piece of work is a man ! how noble in reason !  how infinite in faculty ! in form and moving, how express and admirable ! in action, how like an angel ! in apprehension, how like a god ! the beauty of the world ! the paragon of animals ! And yet, to me, what is this quintessence of dust ? 

     

                                       HAMLET, Acte II, scene 2.

     

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