•  Portfolio 

    Le doux 

     

    « Il n’y a pas de morale sans changer le dur en doux, sans se mettre à la place la plus humble. »

    Michel Serres, Morales espiègles.

     

     

     

     

          

     

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Rivalité mimétique

     

    Le ‘degree’

     

    « Que l’on a bien fait de distinguer les hommes par l’extérieur, plutôt que par les qualités intérieures ! Qui passera de nous deux ? qui cèdera la place à l’autre ? Le moins habile ? Mais je suis aussi habile que lui ; il faudra se battre sur cela. Il a quatre laquais, et je n’en ai qu’un : cela est visible ; il n’y a qu’à compter ; c’est à moi de céder, et je suis sot si je le conteste. »

    Blaise Pascal, Pensées (1670).

     

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  • Michel Serres : Bonnes feuilles 

     

    Le serment

     

    Extrait du dernier livre de Michel Serres, Adichats !, dans lequel il se livre un peu. Il y raconte notamment les disputes violentes qui l’opposaient à son « frère aimé », quand ils étaient enfants.

     

       Ce jour donc, sur le palier du premier étage, nous nous battions avec rage, mon frère et moi. Plus fort et doué, puisque mon aîné, il prenait toujours l’avantage et je trichais comme un salaud.

       [...] Tout à coup, sur la pire des gifles, mon frère roula, de marche en marche, la totalité de l’escalier, pour s’immobiliser en bas, sur le palier du rez-de-chaussée. Il y resta une éternité.

       Ai-je gagné ? J’ai assassiné mon frère. Caïn tue Abel. Comme lui, j’ai commis le pire des crimes.

       [...]Alors, debout, tremblant, damné devant le désastre, j’ai juré. Ma vie entière ne se souvint, ne se souvient, ne se souviendra que de ce serment. [...] Je promets de ne plus jamais me battre, de ne plus céder à la violence. Je préfèrerai perdre plutôt que de m’engager dans un combat.

       [...] Mon frère se leva, sans égratignures. Je ne sus jamais pourquoi il avait fait le mort si longtemps. Mais ma vie avait changé.

     

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  • Faillite parentale

     

     

    Priorité à la famille

     

    Pour Olivier Faure, premier secrétaire du parti socialiste, les émeutes de la fin juin et de début juillet en France sont la manifestation d’une crise sociale. « C’est trop facile de renvoyer toujours sur les mêmes, ces parents qui parfois parce qu’ils travaillent de nuit, parce qu’ils élèvent seuls leurs enfants, parce que le travail est loin, loin du domicile et qu’ils ne peuvent pas s’occuper suffisamment de leurs enfants, les tenir, leur donner une éducation comme ils auraient souhaité le faire », remarque-t-il. En somme, « accuser » la famille de manquement est injuste, c’est faire des parents des boucs émissaires, alors que les « causes » de la crise seraient ailleurs.

       Hélas, la famille est, qu’on le veuille ou non, au cœur du problème. Elle est sans doute le cœur du problème lui-même, quand elle n’existe pas. Et cela ne dépend pas seulement des conditions de travail des parents (du parent), même si ces conditions n’arrangent rien. Elle s’est déstructurée, sous la pression libertaire de la culture contemporaine. Elle a été haïe au XXe siècle, par des intellectuels comme André Gide qui s’en prenait aux familles bourgeoises. Ces dernières ont plutôt bien « résisté », mais les « familles modestes » ont craqué, faute de support idéologique et moral suffisant.

       Il y a quelques années, dans une classe de seconde qualifiée de « difficile », l’équipe des professeurs (dont je faisais partie) a découvert, avec stupéfaction, que sur les 34 élèves que nous avions, deux seulement prenaient leur repas du soir en famille, avec la fratrie et les parents réunis autour de la table. Les autres allaient se servir dans le frigo individuellement, ils grignotaient dans leur chambre devant leur poste de télévision*, ou allaient simplement au McDo du coin... Ce phénomène n’est pas lié aux « conditions de travail » des parents, c’est un fait de civilisation, une catastrophe comportementale, une démission parentale sur toute la ligne.

       À l’inverse, l’expérience m’a montré que les enfants qui réussissent ont tous une famille. Dans les classes prépa de mon lycée de banlieue, tous n’étaient pas issus de milieux aisés, loin de là. Que faisaient-ils en Math Sup, Math Spé, considérées comme réservées aux enfants des élites ? Ils étaient parfaitement à leur place. Interrogés sur leurs familles, je me suis aperçu que tous, sans exception, avaient une famille, et singulièrement un père qui tenait son rôle. Ceci n’était pas une coïncidence, mais bien la cause de leur réussite associée au travail qu’ils fournissaient, dans de bonnes conditions familiales.

       La conclusion est facile à tirer. Avant d’aider au soutien scolaire, avant de se lancer dans une onéreuse « politique de la ville » (même si elle est indispensable), il faut soutenir les familles, financièrement sans doute, psychologiquement certainement, idéologiquement par-dessus tout. Comment refaire du lien là où le lien naturel a disparu ? Nous savons que le premier des liens est celui qui nous tisse avec la famille.

     

    * C’était avant les téléphones portables... déjà !

     

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  • La première mondialisation

     

     

    Elle a commencé il y a 300 000 ans.

     

    L’homme a toujours marché. C’est comme ça qu’il a conquis le monde. En 300 000 ans, il a parcouru toute la planète, il l’a peuplée, il l’a exploitée, embellie. Aujourd’hui, il fait du surplace et il la saccage.

       Pourtant, il marche encore. Pourquoi voulez-vous l’en empêcher ? Surtout aujourd’hui où les ressources s’amenuisent en certains endroits. Les migrations ne sont pas des envahissements de barbares, elles sont un réflexe de survie. Il est seulement dommage qu’on en soit encore à des « réflexes de survie ». Notre intelligence, notre savoir, toutes nos sciences ne nous ont-ils pas fait avancer un peu plus loin que cela ?

       S’en prendre aux émigrés « pas de ça chez nous ! » est un déni de civilisation, un aveuglement historique. C’est un mensonge honteux qui tente de cacher tout notre misérable archaïsme. Pas caché pour longtemps : j’ai commencé à lever le voile de la honte.

     

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