• Shakespeare 

     

    Les personnages bons

     

    Shakespeare a mis en scène tant de personnages odieux, presque monstrueux, de Richard III à Macbeth, que l’on oublie l’extraordinaire humanité dont il a empli quelques-uns. Même les « traîtres » comme le roi Lear, qui renie sa fille préférée et entraîne son royaume dans une noire tragédie, sont encore gratifiés d’une tendresse et d’une forme de bonté étonnantes. 

       En général, les « justes » sont discrets, on les retrouve parmi les personnages secondaires : Horatio dans Hamlet, Malcolm dans Macbeth, ou Pauline dans Un conte d’hiver. L’exception est sans doute le personnage de Don Pedro dans Beaucoup de bruit pour rien. Il est central. C’est lui qui conduit l’intrigue, qui, littéralement, met en scène la pièce (Shakespeare se cache certainement derrière). Il est absolument généreux : il donne tout pour rien.

       Il est l’exact contraire de son demi-frère, Don John (I, 3, c. 11) :

     

    ‘It must not be denied but I am a plain-dealing villain.’

    « On ne peut nier que je suis ouvertement méchant. »

     

       La bonté de Don Pedro est telle que le pauvre Bénédict, un peu niais quand même, n’y comprend rien et lui dit (V, 4, 24) : 

     

    ‘Prince, thou art sad : get thee a wife, get thee a wife !’

    « Prince, tu es triste : trouve-toi une femme, trouve-toi une femme ! » 

     

       Mais le Prince n’est pas triste. Il ne travaille pas contre rétribution. Et cela dépasse le sens commun. La bonté est une qualité rare.

     

    « »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :