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          Bienvenue sur mon blog quotidien.

          Je vous invite à vous approcher, avec moi, des

          meilleures intelligences : Shakespeare,

          René Girard et Michel Serres, celles des poètes

          et des enfants, les voix de la mémoire,

          et celles venues d’Afrique et d’ailleurs.

          Mon blog contient, en permanence,

          250 articles. Voyez la Table des matières.

     

     

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  • Sacrificiel

     

     

    « J’ai cassé le code »

     

    Le malheureux lauréat du Concours Eurovision de la chanson 2024, un certain Nemo, s’est brisé en croyant, prétend-il, casser les codes. Il se « définit » comme non-binaire, ni garçon ni fille, et il revendique cette non-identité comme une transgression. Pour « actualiser » ce triomphe, il a brisé son trophée, en direct, aussitôt qu’il l’a reçu. Victoire sur toute la ligne... En réalité, il n’a fait que briser un code (comme le dit sa chanson) : il a brisé un symbole pas la discrimination dont il se dit victime, mais le symbole seulement ― ; le rituel est banal, et pour parvenir à cet « exploit », il a obéi à tous les « codes » imposés, comme autant de clichés médiatiques. Cherchez la contradiction. Il chante en anglais, mais certainement pas dans un dialecte de quelque canton de sa Suisse originaire. L’anglais est devenu la langue « indifférenciée » par excellence. Le garçon s’habille avec une jupe, mais cela ne retire rien au fait qu’on voit qu’il est un garçon. Et pour couronner le tout, il rassemble tous les suffrages et se retrouve 1er d’une compétition complètement fabriquée, formatée, un amoncellement de codes fake. « Respecte ma différence ! »

       Quand il n’y a plus aucun tabou à briser... il reste à se briser soi-même, et Nemo s’est offert en victime expiatoire, devant des dizaines de millions de spectateurs, en live intégral, avec applaudissements frénétiques à l’appui, bruit et fureur garantis, l’hubris indispensable. Choisie à l’unanimité, elle (la victime) n’est finalement qu’une victime. Il n’y a rien de nouveau sous les sunlights.

       Toute transgression est un sacrifice. Les transgresseurs répètent à l’infini le même geste atavique et archaïque des religieux depuis l’aube des civilisations. S’ils voulaient vraiment mettre fin aux sacrifices, c’est le mythe du sacrifice lui-même qu’ils devraient transgresser, en arrêtant définitivement toutes les formes de sacrifices.

       Hélas, voilà la seule transgression à laquelle les transgresseurs n’ont pas pensé ! En attendant, ils font beaucoup de bruit, beaucoup d’esbroufe, beaucoup de buzz, littéralement pour rien. Et le pauvre transgenre, non-binaire, à l’identité floutée, se retrouve être ce qu’il revendique être : rien ! Avec cette misère supplémentaire qu’il se prétend heureux d’être enfin reconnu comme rien.

     

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  • Shakespeare 

     

    To bed, to bed !

     

    Troilus. To bed, to bed : sleep kill those pretty eyes,

    And give as soft attachment to thy senses

    As infants’ empty of all thought !

    Cressida.                                           Good tomorrow then.

    Troilus. Pr’ythee now, to bed.

    Cressida.                                     Are you aweary of me ?

    Troilus. O Cressida ! but that the busy day,

    Wak’d by the lark, hath rous’d the ribald crows,

    And dreaming night will hide our joys no longer,

    I would not from thee.

     

    TROÏLUS. – Au lit, au lit ! Que le sommeil ferme ses jolis yeux

    Et enferme tes sens dans autant de douceur

    Qu’un cerveau d’enfant vide de toute pensée !

    CRESSIDA. – Bonsoir, alors.

    TROILUS. – Je t’en prie, recouche-toi.

    CRESSIDA. – En avez-vous assez de moi ?

    TROILUS. – Ô Cressida ! Le jour vaillant,

    Éveillé par l’alouette, eût-il secouer les corneilles ribaudes,

    Et la nuit rêveuse eût-elle exhibé nos joies au grand jour,

    Je ne te quitterais pas. 

     

                                                 Troïlus et Cressida, IV, 2, 4-11.

     

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  • Démocraties en péril

     

     

     

    Opinion et émotion

     

    Tandis que nous avançons dans le XXIe siècle, nous passons insidieusement de la « démocratie d’opinion » à la « démocratie d’émotion ». La démocratie rêvée par les idéalistes du XIXe siècle reposait sur la notion d’« opinion publique », c’est-à-dire sur l’idée qu’une forme de consensus (comme un « contrat social ») pouvait se faire entre les citoyens sur les choix politiques et sur les orientations du gouvernement en place, pour le bien de tous. L’enjeu était global, la visée était grande, elle supposait une ouverture sur un monde plus grand que soi. Les mêmes idéalistes misaient sur la généralisation de l’éducation et l’élargissement des consciences !

       Ce « système » a tenu bon, en France, jusqu’à François Mitterrand. Déjà, dans les années 1980, il avait du plomb dans l’aile. Les populistes commençaient à faire parler d’eux.

       Avec la prolifération des réseaux sociaux, avec la montée des égoïsmes et des revendications catégorielles de plus en plus étroites, avec ce qu’il faut bien appeler le relâchement des mœurs aggravé par le néo-puritanisme wokiste, l’opinion globalement a disparu, elle a été remplacée par l’expression d’une émotion individuelle sans complexe, dit-on. La conscience civique s’est effondrée « au profit » d’un souci exclusif  pour ma « catégorie socioprofessionnelle », mon « genre », et tout ce qu’on voudra.

       Ainsi, à l‘approche d’élections européennes cruciales*, alors que c’est la nature même de l’Europe qui est en jeu, face à la guerre russe, à l’hégémonie chinoise et à la montée des extrêmes droites un peu partout sur la planète, les citoyens déboussolés « se décident » en fonction de ce que leur président a fait ou n’a pas fait pour leur « communauté ».

       Tocqueville, en 1835, craignait déjà que les citoyens « aiment mieux suivre mollement le cours de leur destinée que de faire un soudain et énergique effort pour le redresser. » Plus les problèmes globaux s’aggravent le réchauffement climatique n’étant que l’un d’entre eux mais pas le moindre ―, plus les autruches se cachent la tête sous leurs édredons.

     

    * 9 juin 2024.

     

     

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  • De l’enfance 

     

     

    Un « être-vers »

     

    L’être humain est un « être-vers », pas seulement un « être-là » comme l’a présenté la philosophie moderne et la phénoménologie. Cet « être-vers » qu’est l’enfant est éminemment une personne. Il ne demande qu’à advenir. L’enfant est un être voué.

       Le maître d’école n’a pas à se soucier de savoir en quoi son élève est doué, mais à quoi il est voué.

       Cet « être-vers » qu’est l’enfant est l’idéal même de cet « être-plus » que nous aspirons tous à devenir, ou plutôt que nous rêvons d’advenir.  L’Enfance, c’est la promesse mêlée au désir, comme l’Éternité, « c’est la mer mêlée ─ au soleil » disait Arthur Rimbaud… Quelle responsabilité pour les enseigneurs ! Quelle exigence aussi ! Être à la hauteur de l’enfant, c’est vivre toujours avec plus grand que soi.

     

    Extraits de mon essai Et mon tout est un homme.

     

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