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    Pierre-Yves Trémois

     

    ‘Go to your bosom, knock there, and ask your heart what it doth know.’ 

    « Va dans ta poitrine, frappe, et demande à ton cœur ce qu’il sait. »

     

               William Shakespeare,

                                Measure for measure                                                

                                Mesure pour mesure

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          Bienvenue sur mon blog quotidien.

          Je vous invite à vous approcher, avec moi, des

          meilleures intelligences : Shakespeare,

          René Girard et Michel Serres, celles des poètes

          et des enfants, les voix de la mémoire,

          et celles venues d’Afrique et d’ailleurs. 

          Mes articles ne sont ni écrits ni relus

          par ChatGPT.      

     

     

          2 ans, 8 mois et 27 jours de guerre en Ukraine.

     

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  • Crise du désir

     

     

    La fête perdue

     

    « N’est-il pas curieux que ce soit dans le temps de la permissivité qu’on se plaigne d’avoir ‘‘perdu le sens de la fête’’ ? » 

    Pierre Gardeil, Quinze regards sur le corps livré, AD SOLEM, 1997.

     

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  • Shakespeare 

      

    Une leçon de théâtre

     

    Hamlet s’adresse aux acteurs de passage à Elseneur, avant la répétition de leur pièce.

     

    Hamlet. Speak the speech, I pray you, as I pronounced it to you, trippingly on the tongue : but if you mouth it, as many of your players do, I had as lief the town-crier spoke my lines. Nor do not saw the air too much with your hand, thus, but use all gently ; for in the very torrent, tempest, and (as I may say) the whirlwind of passion, you must acquire and beget a temperance that may give it smoothness. O ! it offends me to the soul to hear a robustious periwig-pated fellow tear a passion to tatters, to very rags, to split the ears of the groundlings, who, for the most part, are capable of nothing but inexplicable dumbshows and noise : I would have such a fellow whipped for o’erdoing Termagant ; it out-herods Herod : pray you, avoid it.

    […]

    Be not too tame neither, but let your own discretion be your tutor ; suit the action to the word, the word to the action ; with this special observance, that you o’erstep not the modesty of nature ; for anything so overdone is from the purpose of playing, whose end, both at the first and now, was and is, to hold, as ’t were, the mirror up to nature ; to show virtue her own feature, scorn her own image, and the very age and body of the time his form and pressure. Now this overdone, or come tardy off, though it make the unskilful laugh, cannot but make the judicious grieve ; the censure of the which one must, in your allowance, o’erweigh a whole theatre of others. O ! there be players that I have seen play, — and heard others praise, and that highly, — not to speak it profanely, that, neither having the accent of Christians nor the gait of Christian, pagan, nor man, have so strutted and bellowed, that I have thought some of nature’s journeymen had made men, and not made them well, they imitated humanity so abominably.

    […] 

    O ! reform it altogether. And let those that play your clowns speak no more than is set down for them ; for there be of them, that will themselves laugh, to set on some quantity of barren spectators to laugh too ; though, in the meantime, some necessary question of the play be then to be considered : that’s villainous, and shows a most pitiful ambition in the fool that uses it. Go, make you ready.

     

    HAMLET. – Dites le texte, s’il vous plaît, comme je vous l’ai montré, en articulant ; si vous braillez, comme le font beaucoup de vos acteurs, je ferais mieux de donner mes vers à dire au crieur public. Et puis ne brassez pas non plus l’air avec la main, comme ça ; allez-y en douceur. Pris dans le torrent, la tempête et (si je puis dire) le tourbillon de la passion, faites preuve de modération pour éviter toute brusquerie. Ah ! cela me brise l’âme d’entendre un gaillard emperruqué déchirer sa passion en morceaux, la réduire en pièces, il casse les oreilles des gens du parterre qui, la plupart du temps, ne sont sensibles qu’aux gesticulations et au bruit. De tels Artaban devraient être fouettés pour leurs excès ; ils en font plus qu’Hérode n’en a jamais fait. Évitez ça, je vous en supplie.

       Ne soyez pas trop ternes non plus. Soyez guidés par votre discernement. Faites que votre jeu s’accorde à la situation, en veillant particulièrement à ce que vous n’alliez pas au-delà du naturel. Car tout ce qui est surjoué va à l’encontre du théâtre qui n’a pour but, et n’en a jamais eu d’autre, que de tendre, en quelque sorte, un miroir au monde, de montrer à la vertu ce qu’elle doit être, de se moquer de son image, et de révéler à l’époque à quoi elle ressemble et ce qui l’accable. Si, alors, vous surjouez, ou que vous faites tout avec mollesse, même si cela fait rire les gens incultes, cela ne peut qu’affliger ceux qui ont du jugement. L’opinion d’un seul d’entre ceux-ci doit, pour votre récompense, contrebalancer toute la masse des autres. Ah ! j’en ai vu de ces acteurs — parfois appréciés tapageusement — qui, pour prendre une comparaison religieuse, n’avaient ni l’accent ni l’allure de bons chrétiens, ni de païens, ni d’homme tout simplement, et qui se pavanaient et s’époumonaient, comme si, semblait-il, ils avaient été conçus par quelque façonnier, plutôt maladroitement d’ailleurs, et qu’ils à voir une reproduction pitoyable de l’humanité.

       Oh ! réformez cela complètement. Et faites en sorte que ceux qui jouent les comiques n’en disent pas plus que ce qui est écrit dans leur rôle. Car il s’en trouve parmi eux qui rient d’eux-mêmes pour entraîner une quantité de balourds à s’esclaffer à leur tour ; tandis que, pendant ce temps, un aspect essentiel de la pièce devrait concentrer toute l’attention. C’est parfaitement indigne et cela témoigne d’une ambition lamentable de la part de l’imbécile qui se comporte ainsi. C’est bon, allez vous préparer.   

    Hamlet, III, 2.

     

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  • Revenir à Michel Serres 

      

    « Mélange et inclusion. [...] Une multiplicité bien étalonnée n’est promise qu’à disparaître. »

                                                   Rome, le livre des fondations, 1983.

     

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  • École 

     

    En classe de seconde, en 1991.

     

    La confiance, le respect mutuel

     

    Comment naît la confiance ? Comment l’enfant qui n’a jamais été aimé peut-il la reconnaître ? Beaucoup d’enfants, aujourd’hui, sont très gâtés et très peu aimés. On leur accorde trop tôt l’indépendance, ce qui les réduit à vivre en solitaires. Les parents trop souvent fabriquent des enfants sauvages, des électrons libres, mais oublient de construire des personnes, c’est-à-dire des individus en relation avec d’autres individus. Quand les rapports civils ne sont pas établis, il ne reste que des rapports de force. C’est malheureusement ce que beaucoup d’enfants attendent de la part de l’adulte : sa violence. Changer cette relation pour du respect mutuel requiert du temps et de la patience. Il n’y a pourtant pas d’autre alternative à la coercition : pour être respecté, l’enseigneur doit d’abord respecter ses élèves.

       Le respect repose sur des fondements relativement simples : ne rien prendre sans demander, ne rien exiger sans s’engager soi-même, ne rien garder pour soi, rendre à l’élève ce qui lui revient de droit : son image, son opinion, même ses erreurs.

       La clarté, l’absence de dissimulation, la franchise conditionnent le respect. Ce que je fais, je dis pourquoi je le fais. Ce que je fais faire, je dis comment j’estime que cela doit être fait. Je suis avant tout un pourvoyeur de moyens. Chaque élève, individuellement, doit comprendre ce que j’attends de lui pour savoir ce qu’il peut exiger de lui-même. Je ne crois pas qu’on puisse apprendre quoi que ce soit dans l’ignorance des moyens et des fins. Cela implique, entre autres choses, que je ne fais absolument jamais d’interro surprise. Il n’y a pas de radar dissimulé sur la route de ma pédagogie.

       Enfin, pour maintenir la balance, nécessairement délicate, entre l’exigence et la capacité, entre la fin et les moyens, il faut donner à l’élève les repères qui lui permettent de trouver son propre équilibre — et cela est plus subtil que de tenir sa moyenne à jour... Apprendre, c’est passer d’un état de moindre connaissance à un état de connaissance plus complexe. Ce « passage », surtout à l’adolescence, est foncièrement déstabilisant. Pour que l’enseigneur soit un pôle, un repère, une source de référence, il doit être, autant que possible, égal à lui-même, constant, et conséquent. Cela passe par une parfaite maîtrise de soi.

    Extraits de mon essai Le maître des désirs.

     

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