• Réciprocité

     

    Le partage plutôt que l’échange

     

    Selon la théorie du sociologue Marcel Mauss, toutes les économies, voire toutes les relations sociales, ou simplement humaines, sont liées  à l'échange, ce qu’il appelle « le don et le contre-don ». On peut opposer à cette thèse l’amour du prochain qui est inconditionnel

       On trouve bien, dans la doxa chrétienne, la notion de rétribution, du genre « cela vous sera rendu en centuple », mais ce n'est pas, je crois, ce que Jésus dit, même quand il parle de notre place à côté du Père. Nous ne sommes pas appelés à aimer notre prochain parce qu'il y a un bonus au bout... Il faut se rappeler ici la parabole de « l’ouvrier de la onzième heure » payé à l’égal de celui de la première heure (Matthieu 20, 1-16). Jésus casse complètement la notion d’équité qui n’est, en définitive, qu’un dérivatif de la loi du Talion, « œil pour œil », « tant pour tant ». 

       Le seul parallèle que fait Jésus, la seule symétrie que l’on trouve dans ses propos, c'est « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Cela ne correspond pas à un système de don-contre-don mais à une identification de Moi à l’Autre. Il n’y a pas échange entre nous, mais partage total. La nuance est mieux que marginale !

     

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  • Sacrifice civilisationnel 

     

     

    Mozart assassiné

     

    Parmi les Juifs exterminés par les nazis il y a quatre-vingts ans, avec les Tziganes et les homosexuels, parmi les victimes des Khmers rouges, et les millions de victimes des Chinois communistes, parmi les émigrés rejetés à la mer par milliers aujourd’hui, combien de génies ont disparu, ou disparaissent ? Génies mathématiques, musiciens hors pair, artistes et créateurs indispensables au progrès de notre humanité. L’estimation est évidemment impossible, et pourtant le fait est incontournable.

       De quoi l’Europe se prive-t-elle quand elle ferme ses frontières aux migrants ? Comment les conservateurs, réactionnaires, archaïques, comptent-ils jouir de leur reproduction endogène ? Comment les « modérés » préconisent-ils une émigration « maîtrisée », ne voulant retenir que les médecins et les scientifiques déjà diplômés et refusent-ils les autres ? Qui sait reconnaître un génie d’une simple « bouche à nourrir » ?

       Je ne nie pas, en voyant l’exemple de Mayotte, que nous ne sommes pas à l’abri d’abus de chantage victimaire de la part des « économiquement faibles ». Comme pour à peu près tout ce qui se passe sur la planète, nous sommes entièrement responsables de ce qui advient, du réchauffement climatique aux débordements migratoires. On ne peut pas, effrontément, ne rien décider pour le climat et tout interdire pour les migrants.

       Le XXIème siècle est celui des choix fatals. Et ceux que nous n’aurons pas faits seront encore plus lourds de conséquences que ceux que nous aurons faits.

     

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  • Shakespeare 

     

     

    L’insulte

     

    Timon. ’Would thou wert clean enough to spit upon !

    TIMON. Que n’es-tu assez propre pour qu’on te crache dessus !

     

                                                                    Timon of Athens, IV, 3, 359.

     

    La misanthropie de Timon est une forme d’orgueil incontrôlé. Il n’est pas complètement sorti du monde, malgré ce qu’il en croit, tant qu’il le méprise.

     

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  • Mon dernier essai

     

    Qui dit-on que je suis ?

     

     

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  • Albert Camus girardien 

     

     

    Albert Camus et la peine de mort

     

    En 1957, Albert Camus écrivait :

       « En fait, le châtiment suprême a toujours été, à travers les siècles, une peine religieuse. [...] La vie terrestre est sans doute retirée [au coupable], mais la chance de réparation lui est maintenue. Le jugement réel n’est pas prononcé, il le sera dans l’autre monde. [...] [Le châtiment suprême] n’est alors justifié que dans la mesure où il n’est pas suprême. [...]

       Mais que signifie cette justification dans la société où nous vivons et qui, dans ses institutions comme dans ses mœurs, est désacralisée ? Lorsqu’un juge athée, ou sceptique, ou agnostique, inflige la peine de mort à un condamné incroyant, [...] il tue [...] parce que ses aïeux croyaient à la vie éternelle. » 

    * 

    René Girard n’aurait pas renié ces propos. Vers la fin de sa carrière, Camus approchait terriblement de la théorie girardienne. La Chute (1956) est un pur traité de rivalité mimétique. Si Camus avait connu Girard, quelles merveilles ne nous aurait-il pas laissées !

     

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