• Poésie

     

    Les chansons que je fais

    Marie Noël

     

    Les chansons que je fais, qu’est-ce qui les a faites ?…
    Souvent il m’en arrive une au plus noir de moi…
    Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi
    C’est cette folle au lieu de cent que je souhaite.

     

    Dites-moi… Mes chansons de toutes les couleurs,
    Où mon esprit qui muse au vent les a-t-il prises ?
    Le chant leur vient – d’où donc ? – comme le rose aux fleurs
    Comme le vert à l’herbe et le rouge aux cerises.

     

    Je ne sais pas de quels oiseaux, en quel pays
    De buissons creux et pleins de songe elles sont nées…
    Elles m’ont rencontrée et moi je m’ébahis
    D’entre battre en moi leurs ailes étonnées.

     

    Ah ! je veux de ma main pour les garder longtemps,
    Je veux, pour retrouver sans cesse ma trouvaille,
    Toutes les attraper avant que le printemps
    Les emporte de moi qui me fane et s’en aille.

     

    Toutes, oui ! L’une est gaie et mon cœur joue avec ;
    L’autre, jeune, mutine et qui fait sa jolie,
    Malicieuse un peu le taquine du bec…
    Mais l’autre me l’a pris dans sa mélancolie ;

     

    L’autre frémit autour de moi comme un baiser
    Si doux que j’en mourrai si ce chant continue
    Et qu’au bord de mon cœur où son cœur s’est posé,
    Une faiblesse après demeure et m’exténue.

     

    Mais comme un écolier qui prend trop bas, trop haut
    La note qu’on lui donne et suit mal la mesure,
    J’hésite, à plusieurs fois tâtant le son qu’il faut,
    Accrochant çà et là ma voix gauche et peu sûre.

     

    Elle chante, elle fuit et je m’efforce en vain
    De la suivre en courant derrière, je m’essouffle,
    Je la saisis au vol, je la perds en chemin
    Et quand je ne sais plus, j’attends que Dieu me souffle.

     

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  • Portfolio 

    Les nœuds, les liens 

    « Si le nœud est bien fait, il se dénoue les yeux fermés. »

    Michel Serres

     

     

     

     

     

     

     

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  • Méconnaissance 

     

    Je n’ai pas d’autre modèle que moi

     

    « Je veux être moi-même. »

     « Deviens ce que tu es. »

     « Je ne crois qu’en moi. »

     

    L’hypertrophie du moi est une défaite absolue du moi, le signe d’une défaillance complète de l’être. Le désir mimétique révèle « l’insuffisance d’être » que chacun éprouve en soi et qu’il doit aller chercher, en quelque sorte, dans l’Autre. Renoncer à cette recherche, c’est nier son désir peut-être pour ne pas souffrir. Mais c’est la pire des solutions puisqu’elle est le problème même. Le refus de tout modèle ne peut que mener à « construire » soit un être informe, soit un individu soumis à tous les influenceurs, une espèce d’esclave, en somme. Nous sommes proches de la « servitude volontaire » décrite par La Boétie, à la différence que cette servitude n’est pas tout à fait volontaire, elle est vécue dans une ignorance tenace qu’on appelle la méconnaissance. Il n’y a pas de double bind plus vicieux, pas de contradiction plus fatale.

     

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  • Hamlet ad libitum.

     

     

    O ! I could tell you,

    But let it be. ─ Horatio, I am dead ;

    Thou liv’st : report me and my cause aright

    To the unsatisfied.

     

    Ah, je pourrais en dire…

    Mais qu’importe ! Horatio, je me meurs.

    Toi, vis ! Rapporte ce que j’ai été et quelle a été ma cause, sans te tromper,

    Aux insatisfaits.  

     

    Acte V, scène 2.

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  • Sacrificiel 

     

    Le pouvoir

     

    « Comment un homme affirme-t-il son pouvoir sur un autre ? [...] En le faisant souffrir. L’obéissance ne suffit pas. Tant qu’il ne souffre pas, comment peux-tu être certain que c’est bien à ta volonté qu’il obéit, et non à la sienne ? Le pouvoir, c’est d’infliger souffrance et humiliation. »     

                                                                                    George Orwell, 1984.

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