• Éducation 

     

    Apprendre, grandir

     

    « Aime l’autre qui engendre en toi une troisième personne, l’esprit. » 

                                                                                                Michel Serres

     

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  • Shakespeare

     

     

    Désir pur

     

         If my dear love were but the child of state,
         It might for fortune’s bastard be unfathered,
         As subject to time’s love or to time’s hate,
         Weeds among weeds, or flowers with flowers gathered.
         No, it was builded far from accident ;
         It suffers not in smiling pomp, nor falls
         Under the blow of thrallèd discontent,
         Whereto th’ inviting time our fashion calls.
         It fears not policy, that Heretic,
         Which works on leases of short-numb’red hours,
         But all alone stands hugely politic,
         That it nor grows with heat, nor drowns with showers.
            To this I witness call the fools of time,
            Which die for goodness, who have liv’d for crime.

     

     

         Si mon amour était l’enfant des circonstances,

         Ce serait un bâtard né de père inconnu,

         Soumis aux caprices du temps, amour et haine,

         Mauvaise herbe perdue dans les mauvaises herbes.

     

         Non, il ne s’est pas édifié par accident ;

         Il n’est pas le jouet des sourires mondains,

         Il ne succombe pas aux humeurs de l’époque

         Qui nous retient captifs dans les rets de la mode. 

     

         Il ne craint pas la courtoisie, cette hérétique

         Qui travaille à court terme et facture ses heures ;

         Lui seul sait se montrer largement politique,

         Insensible aux faveurs ou défaveurs du temps.

     

         Et j’en veux pour témoins toutes ces girouettes

         Espérant, à leur mort, le pardon pour leurs crimes.

     

                                            Sonnet 124

     

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  • De la servitude volontaire

     

     

    La loi de la majorité

     

    La tyrannie de l’opinion majoritaire s’exerce quand « la majorité [...] se prétend l’unique organe de la raison ».

    Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique.

     

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  • Poésie 

     

     

    Transparence

     

    Mystère de la matière transparente.

    L’air est transparent, pourtant les oiseaux s’appuient dessus pour voler.

    Le verre est transparent, mais il renferme l’eau.

    Le cristal est transparent et l’on peut écrire sur sa surface.

    L’eau peut être transparente, quand elle est pure.

    La cellophane est transparente, mais elle emballe tout.

    La lumière est transparente, même la nuit.

    La musique est transparente et elle nous enveloppe tout entiers.

    L’univers est transparent, encombré de milliards d’astres.

    Transparents sont les yeux de Claire,

         les yeux de Claire que j’aime tant.

    Nos cœurs sont transparents, quand l’amour les agrége.

    Nos âmes sont transparentes ;

    Elles sont invisibles, mais elles peuvent nous faire mal.

    Dieu est transparent, et pourtant Il est partout.

     

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  • Mimétisme violent

     

     

    L’esprit sportif

    par George Orwell 

    Je suis toujours effaré quand j’entends dire que le sport engendre la bonne entente entre les nations, et que si tous les gens ordinaires de la planète pouvaient se rencontrer sur un terrain de football ou de cricket, ils n’auraient aucune envie de se confronter sur un champ de bataille. Même si l’on ignorait certains exemples concrets (comme les Jeux Olympiques de 1936) qui montrent que les compétitions sportives conduisent à des orgies de haine, on pourrait le déduire des principes généraux. À peu près tous les sports pratiqués aujourd’hui sont concurrentiels. On joue pour gagner, et le jeu n’a pas beaucoup de valeur si on ne fait pas le maximum pour gagner.

       À un niveau international, le sport ressemble franchement à la guerre. Mais ce qui est significatif, ce n’est pas le comportement des joueurs, c’est l’attitude des spectateurs  et derrière les spectateurs, celui des nations qui sont poussées à la furie pour ces absurdes compétitions, et qui croient sérieusement (au moins, sur de brefs laps de temps) que courir, sauter et taper dans un ballon sont des mises à l’épreuve de la vertu nationale.

       Dès que des sentiments violents de rivalité apparaissent, la notion de jeu et de règles disparaît complètement. Les gens veulent voir un côté au pinacle et l’autre côté humilié, et ils oublient que la victoire obtenue en trichant, ou sous la pression de la foule, n’a aucun sens. Même quand les spectateurs n’interviennent pas physiquement, ils essaient d’influencer le match en encourageant bruyamment leur bord et en exaspérant les joueurs adverses sous des huées et des insultes. Le sport sérieux n’a rien à voir avec le fair play. Il est l’otage de la haine, de la jalousie, de la vantardise, du mépris de toutes les règles et du plaisir sadique d’assister à un spectacle violent : en d’autres termes, c’est la guerre sans les armes à feu.  

    The Sporting Spirit ,Tribune, December 1945.

     

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