• L’enfer mimétique 

     

    Les réseaux sociaux libres

     

    L'enfer mimétique, c’est le monde d’Elon Musk, celui des réseaux sociaux compulsifs, des infox et de la rumeur méchante et permanente. Dans ce monde virtuel mais très actif, la raison et le simple bon sens ont été remplacés par la comparaison, la compétition (combien de likes ?), la rivalité agressive, le harcèlement systématique, la dérision mordante : tous les visages de la violence pure ! Selon les critères girardiens, il s’agit là d’une crise mimétique aiguë, semblable à celles qui disloquaient les sociétés primitives avant qu’elles n’aient recours au bouc émissaire, c’est-à-dire à l’évacuation de la violence par la violence qui s’abat sur un seul, la victime émissaire.

       Le problème aujourd’hui, c’est qu’il n’y a plus de victime émissaire disponible, malgré des tentatives, ici ou là, de dénonciations nominales très violentes (avec appel, parfois, au passage à l’acte). Tout le monde peut, à tour de rôle, prendre la place de l’émissaire, et subir dénigrements, calomnies, ou réelles menaces physiques.

       Quand on parle de régulation, voire de simple modération, Elon Musk et ses sbires ressortent « le 1er amendement de la Constitution des États-Unis » et le droit sacré à la « libre expression ». Est-ce que la libre expression inclut le blasphème, l’injure, l’insulte raciste et sexiste et autres offenses ? D’après les libertariens, il semble que oui. Nous voyons monter la menace de l’indifférenciation violente, assortie d’aucune protection sacrificielle traditionnelle. Même la morale puritaine, encore bien accrochée dans les pays anglo-saxons, a cédé la place au déchaînement sans frein de la méchanceté. Au nom du noble droit à « la liberté d’expression » ...

     

    (à suivre)

     

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    Shakespeare 

     

     

     

                             Sonnet 8

     

         Mark how one string, sweet husband to an other,
         Strikes each in each by mutual ordering ;
         Resembling sire, and child, and happy mother,
         Who all in one, one pleasing note do sing :
     

     

         Vois comment une corde, unie à sa compagne,

         Vibre quand on la touche et s’allie avec elle.

         Ainsi l’heureuse mère, et le père, et l’enfant,

         Étant tous réunis, chantent à l’unisson.

     

     

     

     

     

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  • Bonnes feuilles

     

    Pourquoi écrire un livre de plus sur Jésus ? Lui-même n’a rien écrit. Nous ne connaissons de ses paroles que celles qui nous ont été rapportées. Heureusement, les témoins de l’époque ont été assez prolixes. Mais comment les croire ? Peut-on se contenter de leurs comptes rendus ? René Girard prévient, dans Quand ces choses commenceront : « C’est l’insuffisance de toute transmission, de toute communication, qui justifie la multiplication des écrits, l’existence non pas d’un mais de quatre Évangiles canoniques, tous différents les uns des autres, dont les rédacteurs, de surcroît, insistent à tout instant sur leur incompréhension... Le christianisme n’est pas ‘‘une religion du livre’’, au sens de l’islam ou du judaïsme. » [...]  Le théologien luthérien Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) va à l’essentiel en disant : « Il n’est pas écrit : Dieu se fit idée, principe, programme, valeur universelle, loi, mais Dieu se fit homme. » (cité par Christian Delahaye dans Et si le christianisme n’était pas du tout une religion). Comment approcher de cet homme singulier ?

     

    Extrait de mon essai paru chez L’Harmattan, 2024. 

     

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  • Revenir à Michel Serres 

     

     

    Les chiens de plâtre

     

    « Ainsi voit-on souvent le discours se constituer dans l’unique but de montrer la non-validité du discours d’à côté. C’est, à la lettre, un discours politique, le discours du chien de plâtre sur le chien de plâtre d’en face. »

    Rome, le livre des fondations, 1983.

     

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  • Aveuglement sacrificiel 

     

     

     

    Le criminel Mao

     

    Tandis que Mao Zedong assassinait son peuple ― on ne sait pas si sa brillante politique a fait, au bout du compte, 70 ou 100 millions de morts ―, des intellectuels français criaient au génie. Jean-Paul Sartre vendait La cause du Peuple dans les rues, André Malraux qualifiait Mao de « géant du siècle » et Valérie Giscard d’Estaing voyait en lui un « phare de la pensée ».

       Que n’avaient-ils lu Le Petit Livre rouge dans lequel le génie du XXe siècle osait déclarer, entre autres inepties : « Il vaut mieux exécuter un innocent que de prendre le risque de laisser un coupable en liberté. » Prendre le risque pour qui ? Pour lui, bien sûr, le Grand timonier ! Il voyait des coupables partout, et c’est ainsi qu’il a poussé la moitié de son peuple (la jeunesse) contre l’autre moitié (leurs parents) et qu’il a déclenché des massacres. Brillant visionnaire, en effet. C’était en réalité un bourreau très classique dont la violence effrénée aveuglait tous les naïfs ― surtout ceux qui vivaient bien en sécurité, en France, à plus de 8 000 km de la tragédie.

     

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