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Par hillion le 11 Avril 2024 à 09:54
Relativisme
Un crime d’honneur
L’adolescent tabassé à mort à Viry-Châtillon, le 5 avril, a été tué pour « venger l’honneur » de la sœur des assassins. Les « grands frères » sont chargés de surveiller et de protéger la virginité de leur sœur. Jusque-là, il ne s’agit que d’un fait divers sordide.
Invitée sur une chaîne de radio nationale, une sociologue « autorisée » explique que les garçons obéissent à un code d’honneur particulier et que leur « système de valeurs » est différent du nôtre (en gros). En somme, dans ce « système de valeurs », tuer son prochain est une « valeur ». Je croyais que c’était un crime.
Dans une perceptive relativiste, effectivement, nous « n’obéissons » pas tous aux mêmes idéaux. Et il faut ― nous le répète-t-on suffisamment haut ― respecter les valeurs de toutes les cultures. Si cette tolérance va à l’encontre des droits fondamentaux de l’être humain (le premier étant celui de vivre), je n’y comprends plus rien ; je sens que je vais bientôt déchirer la Déclaration des Droits de l’homme. Elle est désuète et surtout beaucoup trop directive, elle se prétend universelle, alors qu’elle est occidentale, blanche, machiste, que sais-je ?
En se débarrassant ainsi de notre universalité, c’est tout simplement notre humanité que nous jetons aux orties ! La sociologue « autorisée » viendra sûrement m’expliquer que rien n’est universel. Ni la Loi ? Ni la morale ?
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Par hillion le 10 Avril 2024 à 10:00
L’Histoire chavirée
Le poids de la mémoire
La repentance n’est jamais assez lourde pour les nouveaux gauchistes. Le victimisme peut parfois être violent.
À propos du Rwanda, le président français avait tout dit, le 27 mai 2021 lors de son déplacement à Kigali, quand il avait déclaré « reconnaître » les « responsabilités » de la France, dans l’abandon de « centaines de milliers de victimes ». Voilà qu’« on » vient lui reprocher aujourd’hui d’en avoir trop peu dit, trop peu fait. « On » représente les « bien-pensants » victimaires, les wokistes qui se comportent comme de nouveaux « culs bénis » (bénis dans l’acide).
Qu’attendent-ils ? Sans le dire (ils auraient à s’en expliquer), ils souhaitent un acte d’humiliation publique, un châtiment consenti, une espèce de bûcher sur la place du Vieux-Marché, un défilé des Bourgeois de Calais version XXIe siècle. Foncièrement anti-occidentaux ― même quand ils parlent au sein des démocraties confortables de l’Ouest ―, ils attendent la condamnation de la civilisation judéo-chrétienne, espérant par ce tour de passe-passe innocenter tous les peuples de la terre.
Il n’y a rien de plus archaïquement sacrificiel.
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Par hillion le 9 Avril 2024 à 09:59
L’Histoire chavirée
Le prix de la traite
« Les fils des coupables ne sont pas coupables, les fils des victimes ne sont pas victimes. »
Michel Serres, Rome, le livre des fondations, 1983.
Avec la meilleure conscience du monde, travaillés par le wokisme revanchard qui envahit comme un buzz, accablés d’une culpabilité dont ils ne connaissent plus la cause ― ils sont largement déchristianisés ―, certains « bien-pensants », très actifs en Angleterre notamment, ont « décidé » qu’il fallait dédommager les descendants d’esclaves ― en gros, tous les noirs d’aujourd’hui ― pour le « génocide » perpétré jusqu’à il y a deux siècles !Vous me suivez ?
Le raisonnement est tortueux, compliqué par tous les ressentiments et arrière-pensées idéologiques possibles.
Que signifie « dédommager » ? Cela signifie donner de l’argent aux arrière-petits-enfants d’Africains déportés pour rembourser la dette contractée auprès de leurs ancêtres. Comme si les malheureux humains achetés et revendus pendant quatre siècles n’avaient pas été payés au juste prix. Ils avaient donc « un prix » ? Le raisonnement est une perversion mentale grave !
Et pendant que ces belles âmes essaient de résoudre des problèmes multicentenaires, elles passent à côté des incontestables horreurs de leur temps. Le véritable acte de contrition, par rapport à un esclavage que nous n’avons pas pu empêcher ― et pour cause, nous n’y étions pas ― serait de rendre la planète meilleure, plus belle, plus juste. Ce ne sont pas les drames humains qui manquent sous nos yeux.
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Par hillion le 8 Avril 2024 à 09:50
Bonnes feuilles Qui dit-on que je suis ?
S’il est une « loi » vraiment universelle, c’est bien celle [de] la violence [qui] fonde la Loi et se justifie toujours en se présentant ensuite comme « légitime ». L’ordre, dit-on, est à ce prix. Et chacun d’en rajouter : « c’est la loi de la jungle », « on n’y peut rien, c’est comme ça », « on ne peut se poser qu’en s’opposant », « la sélection naturelle » détermine l’Évolution, « la liberté ou la mort » proclamaient les sans-culottes, le capitalisme concurrentiel forcené et aveugle est indépassable, prétendent les économistes récompensés par des prix Nobel, et tant pis pour les dégâts collatéraux, même à présent que le monde chavire dans l’Apocalypse ! On retrouve partout la sempiternelle « destruction créatrice » chère à Joseph Schumpeter. Personne, aucun humain, n’a jamais conçu, imaginé, un mode de vie fondé exclusivement sur l’amour, sur le partage égal, sur l’acceptation de notre interdépendance, [...] sur le besoin absolu que nous avons les uns des autres, sur la nécessité de nous entendre comme des frères, sur la richesse de nos dépendances mutuelles. Les grandes fraternités sociales, au contraire, ont été soudées par leur haine des « autres » : les grands patrons, les tenants du capital, les ennemis de classe, les étrangers ! Les sagesses orientales, pour éviter la violence, proposent le retrait, la retenue, voire l’isolement. La non-violence, après l’exemple magnifique de Gandhi, connaît des adeptes, mais elle repose encore sur une définition négative : ne pas pratiquer la violence, tandis que l’amour du prochain est une folie qui me pousse vers l’autre. Fonder une « pensée » sur l’amour, la bonté, la générosité, l’abandon de soi, sans représailles, pousser jusqu’à demander qu’on aime ses ennemis, cela est tout simplement une folie. Dans la tête de quel cerveau un tel « concept » a-t-il pu naître ? Le message d’amour de Jésus est ― osons le dire ― inhumain.
Extrait de mon essai paru chez L’Harmattan, 2024.
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Par hillion le 7 Avril 2024 à 10:01
Shakespeare
L’objet de leur convoitise
Cressida. Men prize the thing ungain’d more than it is :
That she was never yet that ever knew
Love got so sweet as when desire did sue.
Therefore, this maxim out of love I teach :
Achievement is command ; ungain’d, beseech ;
Then though my heart’s content firm love doth bear,
Nothing of that shall from mine eyes appear.CRESSIDA. – Les hommes surévaluent l’objet de leur convoitise :
Elle n’est pas encore née celle qui n’a pas compris
Que l’amour n’est jamais aussi suave que lorsque le désir lui court après.
Voici donc la maxime que l’amour enseigne :
La jouissance fait des maîtres ; inassouvie, elle fait des suppliants.
Aussi, bien que mon cœur lui porte un amour infaillible,
Rien dans mes regards n’y paraîtra jamais !
Troïlus et Cressida, I, 2, 289-295.
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