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Par hillion le 23 Septembre 2024 à 10:05
Chanson
Le petit garçon, par Serge Reggiani
Paroles de Jean-Loup Dabadie
Musique de Jacques Datin
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Par hillion le 22 Septembre 2024 à 10:15
Crise du désir
Désir malade
L’obsession de soi, la frénésie selfique, le délire de souveraineté, jamais atteinte (évidemment) et toujours revendiquée, de façon parfois de plus en plus violente, conduit à un cercle vertigineux qui tourne sur lui-même et s’accélère par auto-combustion. Cette crise d’autonomie est une maladie auto-immune. Et comme la jalousie est un poison que l’on s’injecte soi-même, l’obsession de soi est à peu près impossible à soigner.
En quoi le désir d’un selfique est-il malade ? Tout simplement en ce qu’il ne cherche pas l’Autre, il ne cherche indéfiniment que Lui-même. À grand renfort de self-help tutorials, de vidéos d’influenceurs plus ou moins virtuels, cette quête de Soi par la négation de l’Autre revient à se désincarner. L’individu, déchaîné sur Facebook, Instagram et autres réseaux sociaux qui fonctionnent en boucle, se fabrique une prison qu’il croit adorer et dans laquelle il se déteste. Ainsi l’amour de soi se change-t-il en haine de soi.
Shakespeare était-il précurseur ou simplement génial en écrivant son sonnet 62 ?
Sin of self-love possesseth all mine eye,
And all my soul, and all my every part ;
And for this sin there is no remedy,
It is so grounded inward in my heart.
L’amour de soi est un péché qui a ravi
Mes yeux, mon âme et chaque partie de mon corps ;
Et contre ce péché, il n’est point de remède,
Il s’est ancré si profondément dans mon cœur.
Au moins Shakespeare savait-il de quoi il était malade. Il avait compris qu’il voulait devenir son idole (W.H.) et que cela ne se produirait jamais :
T’is thee (my self) that for my self I praise,
Painting my age with beauty of thy days.Car en te glorifiant, je me confonds à toi,
Et j’embellis mon âge en peignant ta jeunesse.
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Par hillion le 21 Septembre 2024 à 10:05
There is a world elsewhere
Toutes les cultures se rassemblent, plus qu’elles ne se ressemblent. On ne connaît pas de civilisation sans langage, sans musique, sans danse, sans art graphique, sans art du costume et du grimage. Les instruments peuvent varier, l’esthétique est changeante d’une région à l’autre, mais les activités sont les mêmes, fondamentalement, et surtout le besoin est identique, partout.
On peut connaître un certain dépaysement à l’approche de sonorités nouvelles, de rythmes inconnus, mais la sensibilité s’éduque et les frontières peuvent vite être ignorées. Mes premières impressions des tam-tams africains, quand je suis arrivé au Sénégal, ont été confuses. D’un seul coup, j’ai eu peur de ne jamais me reconnaître. Aujourd’hui, j’écoute indifféremment Mozart et Sidiki Diabaté. De même, mon ancien élève sénégalais avec lequel j’ai coécrit un libre scolaire* dans les années 1980, m’avait avoué sa frayeur à l’écoute de Vivaldi. Et quand je lui ai demandé comment on pouvait avoir peur de Vivaldi, il m’a simplement répondu : « C’est que je commence à y rendre goût ».
Si je ne me sentais pas comme invité à danser sur la musique des « autres », il me semble que mon humanité serait incomplète, pauvre et triste.
* Elsewhere in Africa, chez Hatier.
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Par hillion le 19 Septembre 2024 à 10:15
Shakespeare
Le roi et le manant
King Henry. ’Tis not the balm, the scepter, and the ball,
The sword, the mace, the crown imperial,
The intertissued robe of gold and pearl,
The farcèd title running ’fore the King,
The throne he sits on, nor the tide of pomp
That beats upon the high shore of this world ;
No, not all these, thrice-gorgeous ceremony,
Not all these, laid in bed majestical,
Can sleep so soundly as the wretched slave
Who, with a body filled and vacant mind,
Gets him to rest, crammed with distressful bread ;
Never sees horrid night, the child of hell,
But, like a lackey, from the rise to set
Sweats in the eye of Phoebus, and all night
Sleeps in Elysium; next day after dawn
Doth rise and help Hyperion to his horse,
And follows so the ever-running year
With profitable labour to his grave.
And, but for ceremony, such a wretch,
Winding up days with toil and nights with sleep,
Had the forehand and vantage of a king.LE ROI HENRY. – Ce n’est pas le heaume, le sceptre et le globe,
L’épée, la masse, la couronne impériale,
Le manteau tissé d’or et de perles,
Le titre bouffon qui précède le Roi,
Le trône où il est assis, ni le flot de pompes
Qui bat les hautes rives de ce monde ;
Non, aucune de ces choses, à la triple splendeur et autorité,
Aucune d’elles, qui reposent sur son lit de majesté,
Ne peut nous procurer le sommeil du malheureux esclave
Qui, le corps rassasié et l’esprit vide,
S’endort, gavé du pain de misère.
Il ne voit pas la nuit effrayante, fille de l’enfer,
Mais comme un laquais, du lever au coucher,
Il sue sous l’œil de Phébus, et toute la nuit,
Il dort dans l’Élysée. Le lendemain à l’aube,
Il aide Hypérion à monter à cheval ;
Il poursuit ainsi le cycle de l’année,
Et profite de son travail, jusqu’à la tombe.
Ignorant l’apparat, le malheureux,
Écrasé par le travail le jour, pris par le sommeil la nuit,
Il devance, et de loin, les prérogatives d’un roi.
Henry V, IV, 1, 269-289.
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Par hillion le 18 Septembre 2024 à 10:15
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