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Shakespeare
Mortelle fascination
Shakespeare a tout compris à la fascination qui aveugle la victime prisonnière de sa passion. C’est un thème récurrent dans son théâtre. C’est le cœur même de sa réflexion dans les Sonnets. Dans ces derniers, il ne parle que de la passion amoureuse, soit platonique pour W.H., soit charnelle pour la Dame Sombre. Mais les mêmes termes pourraient être employés pour décrire l’aveuglement fanatique, la folie collective.
Tir’d with all these […]
As needy Nothing trimm’d in jollity, […]
As gilded honour shamefully misplac’d […].
[…] je n’en puis plus de voir
Que le vide se grime et paraît agréable*, […]
Que l’honneur lucratif revient aux impudents […].
Sonnet 66
* On dirait aujourd’hui fake news.
Or whether doth my mind being crown’d with you
Drink up the monarch’s plague, this flattery ?
Peut-être mon esprit, tout couronné de vous,
A-t-il bu le poison des rois : la flatterie** ?
Sonnet 114
** Remplacez par démagogie.
[…] what dost thou to mine eyes,
That they behold and see not what they see ?
They know what beauty is, see where it lies,
Yet what the best is, take the worst to be.
[…] que fais-tu à mes yeux
Pour qu’ils ne voient plus rien de tout ce qu’ils perçoivent ?
Ils savent reconnaître où la beauté se cache,
Mais oublient la meilleure et choisissent la pire.
In things right true my heart and eye have erred,
And to this false plague are they now transferred;
Ni mon cœur ni mes yeux ne voient plus rien de vrai,
Tant ils sont pervertis par cette fausse peste***.
Sonnet 137
*** On reconnaît là la méconnaissance.
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