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Par hillion le 2 Février 2024 à 10:01
Poésie
Je ne suis pas fini :
Il me manque Toi pour être complet.
Sans ton Je, mon Moi dépérit et s’étiole.
Donne-moi ton souffle,
Et je soufflerai aussi sur toi.
Donne-moi ton Je et que mon Je redouble.
Et même ainsi, je serai encore inachevé.
Ma limite est l’éternité.
Allons la chercher ensemble.
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Par hillion le 30 Janvier 2024 à 10:02
Shakespeare
Le piège de se croire autonome
Don John. I cannot hide what I am : I must be sad when I have cause, and smile at no man’s jests ; eat when I have stomach, and wait for no man’s leisure ; sleep when I am drowsy, and tend on no man’s business ; laugh when I am merry, and claw no man in his humour.
DON JOHN. ― Je ne sais pas cacher ce que je suis : je veux pouvoir être triste quand j’en ai le motif, et ne devoir sourire aux plaisanteries de personne ; je veux manger quand j‘ai faim, sans attendre la permission de personne ; je veux dormir quand j’ai sommeil sans avoir à m’occuper des affaires de personne ; je veux pouvoir rire quand je suis joyeux sans suivre l’humour de personne.
Much Ado About Nothing, I, 3.
Don John représente l’archétype de l’individu libre et affranchi de tout qui proclame haut et fort qu’il ne veut dépendre de personne. Il incarne l’illusion tentante d’ être soi-même, il est un homme moderne.
Pris isolément, cet extrait en fait un personnage fascinant, tant nous admirons les êtres autonomes, comme nous rêvons d’être nous-mêmes, furieux de savoir que nous dépendons toujours de quelqu’un, et sûrement de beaucoup de monde. Shakespeare sait que cette autonomie est de façade, bien camouflée sous un lourd manteau de méconnaissance. Il a quelque chose à nous révéler.
Toute la pièce, Beaucoup de bruit pour rien, est une manifestation, sans méchanceté, de la manière dont nous nous laissons « manipuler » par le désir des autres. Après tout, Bénédict lui-même se croit aussi « malin » que Don John, aussi émancipé que lui... et il finit pas céder à la séduction de Béatrice par le truchement de la mise en scène conçue par Don Pedro.
Là où Don John se trompe, c’est de se croire sans modèle : il prétend n’imiter personne. Il se cache à lui-même son animosité contre son frère bâtard, Don Pedro, un ressentiment qui est une forme de mimétisme largement aussi virulent que celui dans lequel les autres personnages de la pièce « tombent ». Don John « tombera » aussi, mais ce sera pour sa perte. Telle est la morale de l’histoire.
Le héros libre et fort que l’extrait ci-dessus offre à notre envie est une marionnette. Citer ce passage, en dehors de tout contexte, révèle comment le spectateur (ou le lecteur) de Shakespeare peut lui aussi « tomber » dans le piège de la méconnaissance. On ne sort pas indemne d’une pièce de Shakespeare, même d’une comédie aussi légère que Beaucoup de bruit pour rien.
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Par hillion le 25 Janvier 2024 à 10:03
Mon dernier essai
Qui dit-on que je suis ?
Le mystère Jésus
Depuis plus de 15 ans, je me suis intéressé, presque exclusivement, à un personnage énigmatique : William Shakespeare. J’ai publié cinq livres chez L’Harmattan sur Shakespeare.
Je passe aujourd’hui à un personnage encore plus énigmatique : Jésus.
Je n’ai pas écrit un ouvrage de théologie, ni une nouvelle « vie de Jésus ». J’essaie seulement de comprendre comment un inconnu, né au fin fond d’une province perdue, la Galilée, il y a 2 000 ans, a changé le cours de l’Histoire, ni plus ni moins. En quoi est-il unique ? Comment s’est-il découvert unique ?
Il a attendu trente ans avant de commencer sa mission. Comment a-t-il pris conscience qu’il n’était pas simplement le fils de Marie et de Joseph ? D’où lui est venue cette révélation ? Et surtout, en quoi est-elle unique ?
Jésus bouleverse les fondements de la culture traditionnelle : il dénonce comment les sociétés se sont construites sur la violence. Il n’accepte pas le principe apparemment intangible qui dit que « la violence est accoucheuse de l’Histoire ». Il dit tout le contraire. Il remplace la haine comme combustible de l’Histoire par l’amour du prochain.
Il remet en cause jusqu’au sacrifice : il n’y aura jamais de « grand soir ». Il n’y a pas de « bonnes victimes » à éliminer pour rendre le monde meilleur. Elles sont toutes innocentes, proclame-t-il. Il paiera de sa vie cette révélation insensée.
En même temps, il n’impose rien, il appelle les humains à « rendre les armes », à se réconcilier, c’est tout. Il nous renvoie à nous-mêmes. Comprenant que le message est difficile à accepter, il interroge : Qui dit-on que je suis ?
2 000 ans après, la question reste posée.
Préface de Stan Rougier.
Aux éditions de L’Harmattan, 260 pages, 27 €.
En vente sur le site de L’Harmattan :
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Par hillion le 23 Janvier 2024 à 09:49
Les émigrés
Où se « fabrique » le monde de demain ?
Noyés dans la Méditerranée :
Combien de talents disparus à jamais ?
Combien de promesses non tenues ?
Combien de jeunes gens perdus par leur rêve fervent ?
De quoi privent-ils l’Europe vieillissante ?
Qu’amputent-ils à leur pays de naissance ?
Quel mal font-ils à leurs parents ?
Combien de désirs utiles gaspillés ?
« Les immigrés se retrouvent aussi dans des quartiers où l’on est solidaire, où l’on a des échanges fructueux, où l’on partage et s’entraide. Il s’y instaure une vie collective, sans frontière culturelle ou religieuse. Il existe alors un véritable brassage social et culturel et même, avec des mariages mixtes, un mélange enrichissant, entre les diversités. »
Pierre Alain Lemaître, Dépasser les antagonismes interculturels, L’Harmattan, 2020.
Ces sociétés naissantes, nous ne les écoutons même pas, nous ne les regardons pas. Autant de flambeaux allumés et aussitôt éteints.
La Goutte d'Or
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