• Quand atteindrons-nous l’universel ? 

     

     

    Miroir inversé

     

    On a beaucoup vitupéré contre cette photo montrant des Africains exhibés devant des Parisiens à l’Exposition coloniale de 1931 à Vincennes. Que n’a-t-on parlé de stigmatisation ?

       Tandis que les blancs, engoncés dans leurs habits lourds, regardent danser les Africains, les danseurs, pareillement, doivent bien, eux aussi, s’interroger sur ces drôles de spécimens que sont les Parisiens en goguette. J’imagine les danseurs qui se retrouvaient le soir ensemble, les visiteurs ayant disparu, et les fous rires qu’ils devaient avoir en se racontant les comportements des drôles d’indigènes européens qui étaient passés par là !

       La photo (et la situation) a deux sens, et non pas un seul. L’avoir toujours (presque toujours) regardée du seul point de vue des colonialistes est un point de vue colonialiste. Autrefois, c’était pour se féliciter, aujourd’hui c’est pour se flageller !

       Un point de vue « universel » nous montre pourtant que le miroir a deux faces. Et il est parfaitement possible de voir les deux faces en même temps. Il est enrichissant d’imaginer les commentaires des danseurs, les plaisanteries qu’ils devaient sûrement en tirer. Si les toubabs avaient su !

       Quand je vois ce cliché, aujourd’hui, je regarde d’abord les blancs, et je constate combien ils sont ridicules, empesés, comme étrangers au cadre où ils se tiennent. Les intrus, c’est eux !

     

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  • Saint Augustin

    J'avais 5 ans. 

    « Mon enfance a-t-elle succédé à une quelconque période de ma vie ? Ai-je été quelque part, ai-je été quelqu’un ? » 

                                                    Les Confessions, Livre 1er, VI, 9.

     

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  • École 

     

    Des adultes à l’école

     

    Ce ne sont pas des tablettes dont les enfants ont le plus besoin à l’école, mais des adultes. Pas de l’enseignement virtuel, mais des personnes réelles, présentes, à portée de mains, à portée de détresse. L’encadrement scolaire a été une peau de chagrin depuis plus de trois décennies. Les pauvres enfants sont libres et ils n’ont jamais été aussi violents. Ce ne sont pas des caméras de surveillance qu’il faut dans les écoles, mais des personnes, des vraies, des adultes autant d’hommes que de femmes qui parlent aux enfants, qui les regardent, qui les aident. « Pédagogue », à l’origine, veut dire : celui qui accompagne l’enfant à l’école. Où sont les pédagogues ?

     

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  • Vous avez dit inclusif ?

     

    Lui c’est elle

     

         ― Tu lui as parlé ? Qu’est-ce que tu lui as dit ?

         ― Je lui ai dit que je l’aimais.

         ― Et comment a-t-elle réagi ?

     

       On ne comprend qu’à la troisième question que « tu » s’est adressé à une femme. Les pronoms « lui », « l’ » renvoient ici à une personne du sexe féminin. Quant à « je » et « tu », ils sont parfaitement interchangeables entre un homme et une femme. Nous n’avons de problème de genre (grammatical) qu’à la troisième personne, c’est-à-dire quand cela ne nous concerne pas ! Faut-il y voir un sens ? Mais alors, lequel ?

        Comment « l’écriture inclusive » se débrouille-t-elle avec les pronoms personnels ? Personnels, quand même ! Comment faire disparaître ce soi-disant « masculin qui l’emporte sur le féminin » ? Je n’en connais pas le moyen. Sauf à admettre que le masculin ne l’emporte sur rien : le masculin est neutre.

       Il arrive, qu’on le veuille ou non, que le masculin contienne le féminin. Pas seulement en grammaire, puisque, « né d’une femme », le garçon garde toujours quelque chose de son origine féminine. 

       Autrefois, cette dépendance déplaisait aux mâles : il fallait qu’ils affirmassent leur droit à la différence.  À présent, les filles s’en mêlent, elles ont droit, elles aussi, au droit à la différence, et elles veulent changer la langue française. Pourquoi ne pas aller jusqu’à dire : « celles et ceux qui accouchent... » ?

       Avant la naissance de mes filles, j’aimais annoncer que j’attendais un heureux événement. Et l’on me reprenait : « Tu veux dire que c’est ta femme qui... ? » Mais non, moi aussi j’attendais l’heureux événement. Et puis, j’étais le père !

       Quand nous avons été enceint.e, ce fut une grande joie. Ensuite, je me suis occupé de mes bébées avec autant de ferveur que leur mère.

       L’orthographe rectifiée ne changera pas les machos en « sages hommes ». Compliquer les règles grammaticales ne simplifiera pas les rapports entre elle et lui (ni les accords entre « lui et lui »).

     

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  • Shakespeare 

     Londres, 1940 

    Le royaume des livres

     

    Prospero. My library was dukedom large enough.

    PROSPERO. ― Ma bibliothèque m’était un duché bien assez grand.

     

    The Tempest, I, 2, 110. 

     

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