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La quête d’identité
Marcello mio
Le dernier film de Christophe Honoré est une variation poétique et philosophique sur le thème de l’identité. On est loin du gros Moi-Je selfique habituel et de la fanfare autour des drag queens. Tout ici est en nuance et d’une extrême sensibilité. Le réalisateur arrive même à faire pleurer Fabrice Luchini.
La question dépasse largement le simple « qui suis-je ? » Dans la métamorphose de Chiara Mastroianni en son père, son vrai père, on croise tous les modèles possibles et comment nous nous reconnaissons dans les autres. Devant le changement d’identité apparente de Chiara, les uns ricanent, d’autres s’affolent, certains la disputent violemment, d’autres sont pleins d’indulgence, jusqu’au petit soldat britannique qui pleure son ami perdu et qui s’éprend du garçon-fille qui le console.
Les chassés-croisés sont infinis et bien malin qui croit détenir son identité indiscutable. Oui, nous sommes tous un peu les autres et les autres un peu nous. Le film tisse ainsi tous les liens qui font et défont ce que nous croyons que nous sommes.
Comble de confusion pour les spectateurs, ce film de fiction met en scène les acteurs dans leur propre rôle. Melvil Poupaud est Melvil Poupaud, Catherine Deneuve est Catherine Deneuve. Incidemment se pose la question du paradoxe de l’acteur. Et nous nous interrogeons : jusqu’à quel point Chiara, qui ressemble tellement à Marcello, s’identifie-t-elle à son père ? Car, par-dessus le marché, la question de la filiation se pose aussi : oh, celui-là, vous ne pouvez pas le renier tellement il vous ressemble !
Allant au bout de sa quête, Christophe Honoré interroge aussi les diverses identités que nous avons eues à travers les âges, et pose la question : que reste-t-il de l’enfant que j’étais dans l’enfant que je ne suis plus ?
Ce film métaphysique n’est pas tout public, malgré une réception plutôt positive. Il faut enfiler le parti pris de la fiction comme Chiara enfile les costumes de son père. Comment y croire ? C’est une histoire qui n’est pas vraie mais avec des vrais acteurs dans leurs vrais rôles d’acteurs. Miroir de mon miroir... Où suis-je ?
Mention spéciale pour Chiara Mastroianni qui est incroyable de vérité dans son rôle d’emprunt.
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