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Vivre ensemble
Une vraie famille
Il ne fait pas de doute que la dissolution de la famille sous l’effet croissant des « unions libres », des divorces et des « recompositions » diverses, a eu des conséquences désastreuses sur les relations intrafamiliales, sur l’équilibre des enfants en particulier, et au-delà, sur la « vie en commun » dans toute la société.
J’ai enseigné dans une banlieue à forte mixité sociale (au lycée d’Évry, dans l’Essonne), dans des classes prépas (Maths Sup et Maths Spé) où les élèves venaient parfois de milieux très modestes. Que faisaient-ils dans des classes prépas, se demanderait Pierre Bourdieu ? Ils étaient à leur place et presque tous ont terminés ingénieurs, cadres supérieurs, etc. À la question qu’il m’arrivait de leur poser sur leurs relations avec leurs familles, mes étudiants répondaient qu’elles étaient bonnes. J’ai vite compris qu’ils venaient tous ― comme par hasard ― de familles complètes avec un père qu’ils respectaient, une mère qu’ils aimaient, une fratrie qui « fonctionnait ». Image trop traditionnelle pour certains, mais la réalité était celle-là : leurs rejetons trouvaient « tout naturellement » leur place dans une société pas toujours accueillante.
La famille est (ou devrait être d’abord) un lieu de liens, comme dirait Michel Serres, un espace de partage, un environnement propice à la communion, à la reconnaissance mutuelle. L’amour solide tient moins de l’échange que du partage, moins du don que du recevoir. Savoir que l’on est accueilli, accepté, reconnu, pris en compte, considéré, en toute confiance, est l’assurance d’un équilibre durable. On ne se « construit » pas dans sa famille, on s’y révèle. C’est sans doute le secret d’une enfance heureuse et d’une éducation réussie.
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