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Montaigne et le mimétisme
« Or j’ai une condition singeresse et imitatrice : quand je me mêlais de faire des vers (et n’en fis jamais que des latins), ils accusaient évidemment le poète que je venais dernièrement de lire ; et, de mes premiers essais, aucuns puent un peu à l’étranger. À Paris, je parle un langage aucunement autre qu’à Montaigne. Qui que je regarde avec attention m’imprime facilement quelque chose du sien. Ce que je considère, je l’usurpe : une sotte contenance, une déplaisante grimace, une forme de parler ridicule. Les vices, plus ; d’autant qu’ils me poignent, ils s’accrochent à moi et ne s’en vont pas sans secouer. On m’a vu plus souvent jurer par similitude que par complexion. »
Essais, III,5.
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