• Un monde binaire et violent 

     

     

    Le progrès, une idée obsolète

     

    Dans un article récent du Blog Émissaire*, Hervé van Baren, postule que le mythe du progrès n’est que le dernier avatar de la pensée binaire : après la pluie vient le beau temps, face au mensonge la vérité triomphera, quand nous serons venus à bout du mal le bien régnera. Rien n’est moins prévisible. « Le postulat qui soutient l’idée de progrès, dit-il, […] c’est que le combat contre toutes les sources d’injustice et de violence finira par faire advenir un monde pacifique et équitable. Cette idée, même contrecarrée par les forces réactionnaires, est absolument hégémonique dans le monde occidental, même si elle prend des formes variées. » Encore un effort camarade, un dernier sacrifice et on y est, c’est la lutte finale, etc.

       La théorie mimétique nous a appris que la violence, par définition, est toujours binaire, et si nous ne sortons pas de ce pile-ou-face tragique et absurde, nous ne sortirons jamais de la violence. La violence se retourne toujours contre elle-même. « Fools on both sides », soupirait Shakespeare**. La pensée binaire n’est pas une pensée, c’est une mécanique : tu cognes, je cogne ! C’est une pensée sans esprit.

       La solution d’un problème ne se trouve jamais dans le problème lui-même, mais en dehors du problème. Si nous ne regardons pas ailleurs, si nous n’écoutons que nous-mêmes, si nous croyons qu’à une violence doit correspondre une violence en représailles, si à la haine nous n’opposons qu’une contre-haine, comme dans l’hémicycle fermé de nos débats, si la politique est toujours conçue « bloc contre bloc », si nous n’acceptons aucun médiateur, nous n’irons nulle part.

       Saint Thomas d’Aquin disait : « Je ne cherche pas à convaincre mon adversaire, mais à m’unir avec lui dans une vérité plus haute. » Il nous faut donc absolument sortir*** de notre monde d’égos égaux, non pas pour affirmer nos différences « sacrées » mais pour mettre au jour nos singularités, nos personnes uniques, nos génies et la richesse de nos ressemblances ! Nous devons croire en notre transcendance. Cherchons plus grand que nous, peut-être tout près de nous, peut-être parmi les plus petits… ou bien à l’autre bout du monde, puisque le monde est si petit ! 

     

    * https://emissaire.blog/  22 octobre 2024.

    ** par la bouche de Troïlus dans Troïlus et Cressida.

    *** Énigme des neuf points. Comment couvrir les neuf points du carré en quatre traits seulement et sans soulever le crayon ? — Il suffit de « sortir du carré », c’est aussi simple que cela.

     

     

    « »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :