• Shakespeare 

     

    vu par W. H. Auden

     

    Parmi les livres qu’il faut avoir lus, dit-on, quand on se prétend spécialiste de Shakespeare, se trouve l’analyse de W.H. Auden, série de conférences données entre octobre 1946 et mai 1947, et rassemblées sous le titre de Lectures on Shakespeare*. W.H. Auden (1907-1973) est un poète anglais, naturalisé américain en 1946, considéré « comme l’un des plus importants et influents poètes du XXe siècle dans le monde anglo-saxon », dixit Wikipédia.

       Las ! Lecture faite, je me retrouve terriblement frustré par tant d’idées conventionnelles, tant d’érudition gratuite, et si peu d’intuitions, sauf bizarrement dans le chapitre de conclusion. Les digressions du côté de Platon, Kierkegaard, etc., dispersent le propos sans réel éclairage sur le théâtre de Shakespeare. La plupart du temps, Auden n’analyse rien en particulier, sauf les différents caractères (characters) qui pullulent dans l’œuvre de Shakespeare. Il faut dire qu’il a l’embarras du choix : on compte plus de 1 200 personnages parlants dans les 36 pièces qui nous restent. Le poète Auden énonce quelques vérités sur la versification originale de Shakespeare tout le monde s’en était aperçu , et c’est à peu près tout.

       Parmi les perles à relever, Auden trouve que l’action de Beaucoup de bruit pour rien est « ennuyeuse ». « Don Pedro est honnête et cynique, mais il cache derrière ces traits une volonté de nuire. » Je n’ai  pas dû lire, ni voir la même pièce. « La Nuit des rois fait partie des pièces déplaisantes de Shakespeare. » Je considère, pour ma part, que c’est un chef-d’œuvre absolu de maîtrise dramatique. Dans Hamlet, « Horatio n’est pas très futé, même s’il a beaucoup lu et s’il est capable de répéter ce qu’il a lu ». Autant dire : c’est un niais. Pour moi, l’œuvre de Shakespeare, théâtre et Sonnets confondus, est une merveille d’équilibre entre raison et émotion. Pour Auden, « les artistes sont enclins à éprouver non pas trop mais trop peu d’émotion. »

       Évidemment, les dernières œuvres paraissent bien compliquées au poète. « Les œuvres tardives doivent également exhiber une forme d’obscurité », dit-il.

       En somme, l’analyse de W.H. Auden est une mauvaise mise en scène de Shakespeare. 

     

    * Édition française : ANATOLIA, ÉDITIONS DU ROCHER.

     

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