• Shakespeare

     

    Falstaff 

     

    Prince Henry. Here comes lean Jack, here comes bare-bone. How now, my sweet creature of bombast ?  How long is ‘t ago, Jack, since thou sawest thine own knee ?

    Falstaff. My own knee? When I was about thy years, Hal, I was not an eagle’s talon in the waist ; I could have crept into any alderman’s thumb-ring. A plague of sighing and grief ! It blows a man up like a bladder.

     

    LE PRINCE HENRY. Voici venir Jack le maigrichon, voici  notre efflanqué ! Eh bien, ma douce et pompeuse créature ? Depuis quand, mon cher Jack, n’as-tu pas aperçu ton propre genou ?

    FALSTAFF. Mon propre genou ? Quand j’avais à peu près ton âge, Hal, je n’avais pas la taille d’une serre d’aigle ; j’aurais pu me glisser dans l’anneau  d’un échevin. La peste soit des soupirs et des soucis ! Ça vous gonfle un homme comme une vessie.

     

    Henry IV 1ère partie, acte II, scène 4, ligne 337 et suivantes.

     

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  • Crise du désir

     

     

     

    Le Fentanyl, la drogue surpuissante décime les États-Unis

     

    Il est devenu la principale cause de décès des 18-45 ans aux États-Unis. Le fentanyl, un opioïde de synthèse d’une puissance jusque-là inégalée, tue par overdose un Américain toutes les sept minutes. À l’origine, c'est un médicament fabriqué et exporté depuis la Chine. Détourné par les cartels mexicains, il est vendu sous la forme d’une pilule bleue estampillée M30, hautement addictive.

       Les effets du fentanyl sont impressionnants aussi bien à l’intérieur, qu’à l’extérieur. Les toxicomanes s’alignent dans les rues, leurs corps pliés en deux par la puissance de la drogue, la tête rentrée dans les genoux. Et pour cause : le fentanyl est cent fois plus fort que la morphine, cinquante fois plus fort que l’héroïne, et hautement addictif.

     

       Le manque de fentanyl se fait sentir seulement quelques heures après sa prise. « Le problème, c’est que tu dois en prendre souvent, et tu ne sais pas à quel point la drogue est chargée, souligne Tom Wolf. Tu ne sais pas vraiment quelle dose tu prends, donc le risque d’overdose est très élevé. » 

     

    Source rfi

     

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  • Déchristianisation 

    L'enfant prodigue, dessin de Jean Moulin.

     

    Le procès des Lumières

     

    Le moins qu’on puisse dire, c’est que la déchristianisation du monde, depuis le début du XXe siècle, ne s’est pas accompagnée d’un progrès moral spectaculaire. Nous venons de loin. Le christianisme sacrificiel, héritier du XIXe siècle, avec son lot de culpabilité et de punitions généralisées, imbéciles, a bien reculé, mais par quoi a-t-il été remplacé ? À peu près par rien. Les règles sont tombées mais, en l’absence de règles, que faisons-nous ? Tout et n’importe quoi. La violence n’a pas reculé bien que la criminalité ait marqué le pas , mais son expression ne connaît pas de limite. De manière très caractéristique, le cinéma n’a jamais été aussi violent. Pour un Indien qui tombait de cheval, dans les années 1930, sans qu’on voie une goutte de sang, nous avons maintenant des cervelles qui explosent, des détonations et des éclats de bombes qui littéralement envahissent l’écran, le contenu est globalement sadique, si sadique que plus personne ne s’en émeut. D’ailleurs, cela finit par déteindre sur le comportement des individus, les rapports entre personnes s’expriment désormais sur le mode agressif. L’insulte est devenue banale. Et bien peu s’en rendent compte. Quelle calamité !

       Il se trouve encore beaucoup de « militants de la déchristianisation », anticléricaux, des spécialistes de l’athéologie, qui sont convaincus qu’il y a toujours des tabous à briser, des règles à enfreindre, et que la liberté est au bout de la transgression. Que ne voient-ils la misère du monde déchristianisé que nous avons construit de nos propres mains. L’expérience a-t-elle un sens ? Ont-ils des yeux ?

       Je constate et je déplore cette situation de fait, mais qu’y puis-je ? Si je parle de morale, mes auditeurs font la moue. Quand j’annonce que je viens d’écrire un livre sur Jésus, j’en vois, parmi mes meilleurs amis, qui sourient tristement, et pensent que j’ai vraiment du temps à perdre. La descente dans l’enfer que nous avons inventé n’est pas terminée.

     

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  • Hypertrophie de l’individu 

     

     

    Après moi le déluge

     

    « Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure de mon doigt. »

    David Hume

     

         Les penseurs des Lumières nous avaient justifiés d’avance...

     

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  • Bonnes feuilles 

     

     

     

    Le matin est idéal

     

       – Quelle heure est-il ? demanda-t-elle.

       – De quel endroit dans le monde veux-tu connaître l’heure ? En Polynésie, ça doit être le matin. Il fait beau. La mer est chaude et limpide. Des enfants tout nus se baignent déjà. Ils portent des couronnes de fleurs orange sur la tête. Ils se frottent le corps avec des algues bleues. Ils ramassent des coraux rouges et jaunes. Au bord de l’eau, il y a des arbres : les enfants cueillent de beaux fruits mûrs qu’ils mangent à moitié pour en cueillir plus loin qui leur donneront d’autres saveurs. Le soleil caresse leur peau bronzée, leurs bras tendres, leurs fesses rondes, leurs jambes agiles. Ils courent dans l’eau qui éclabousse, toute blanche. Ils font des bateaux avec de grandes feuilles d’arbres qui n’ont pas de nom. Sur chaque feuille verte, ils posent une fleur rouge. Ils poussent leurs délicats esquifs vers la mer, juste au-delà des vagues qui déferlent doucement sur la plage dorée. Et la mer, sans le savoir, emporte chaque fleur vers une destination inconnue des géographes où d’autres enfants tout nus viendront les ramasser.

       – Merci, dit-elle. Le matin est idéal. Il faut se coucher tôt pour profiter des premières heures. Va dormir, tu es fatigué.

     

    Extrait de Sans avoir jamais été innocents, roman, 2012.

     

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