• L’homme-espèce 

     

    Combien d’origines ?

     

    La disparition d’Yves Coppens ravive la question des origines. La découverte de Lucy, en 1974, a été célébrée comme étant celle de notre ancêtre à tous. Mais depuis cinquante ans, il a été découvert en Afrique plusieurs autres hominidés qui peuvent prétendre au même titre « d’ancêtre commun » : au Tchad, en Afrique du nord, en Afrique du sud, peut-être en Afrique de l’ouest. Ce sont tous des ancêtres « compatibles » avec la lignée des Homos sapiens dont nous descendons tous.

       Plusieurs origines pour une seule espèce, cela fait désordre. Or, il est complètement prouvé, grâce à la phylogénétique que, des lointaines terres de l’outback australien jusqu’à Ushuaïa au bout de l’Amérique du sud, les humains sont bien tous « frères », ou « consanguins », ils sont tous unanimement humains.

       Cela remet-il en cause les recherches en paléontologie et nos connaissances de l’Homme ? Les premières « conclusions » étaient-elles trop idéales ? Une seule espèce, issue d’une seule souche, venant d’une terre unique, cela ressemble un peu trop au mythe d’Adam et Ève, et fait de l’Afrique l’Eden que nous avons perdu ! Cette proximité avec la source biblique a pu séduire les plus athées de tous les scientifiques, comme une « théorie de remplacement ». Réflexe mimétique, sans doute, mais c’était finalement une conjecture erronée.

       Voyons plus loin. Combien d’Adam et d’Ève a-t-on au compteur ? Peut-être la réalité est-elle encore plus belle que la légende et la science réunies ne nous laissent entrevoir. Si toutes ces souches différentes ont donné, chaque fois, un ancêtre reconnu, propre à notre espèce unique, c’est qu’il y avait comme une « prédestination » à cette émergence. J’ose à peine avancer cette hypothèse, car elle se rapproche de celle du dessein intelligent que les créationnistes ont récupéré au bénéfice de leur conservatisme stupide.

       J’aime à retrouver, dans ces dernières découvertes, quelque chose qui se rapproche de l’élan vital cher à Bergson, aussi bien que du phénomène humain comme l’a conçu Teilhard de Chardin. L’Homme, notre espèce, celle dont je suis issu, dont je fais partie, semblait ne pas pouvoir ne pas apparaître. Circonvolution pour dire qu’il y a comme un destin dans ce scénario. Entre le hasard et la nécessité, peut-être le hasard ne joue-t-il qu’un rôle minuscule... En quoi suis-je nécessaire ? Sûrement pas à la seule « survie de l’espèce ». Il y a autre chose.

       Allons encore plus loin (au point où nous en sommes). Si nous, humains en tant qu’espèce, ne pouvions pas ne pas apparaitre, peut-être ne devons-nous pas non plus disparaître. Hypothèse incertaine, que Teilhard rejette, l’Oméga n’est pas garanti. Car depuis qu’il s’est découvert libre, l’Homme est capable de tout, même de renier son « destin ». Les transhumanistes d’aujourd’hui travaillent à leur propre remplacement, donc à leur disparition. Lucy s’est envolée au ciel au milieu des diamants. Les derniers rejetons d’Homo sapiens creusent leur tombe et ne laisseront qu’un mausolée virtuel.

       Qu’en est-il de l’humanité aujourd’hui ? Elle ne se disperse plus, comme il y a  trois millions d’années, elle se concentre sur elle-même, elle se resserre, elle se pelotonne, il ne lui reste plus qu’à s’unir. Pour cela, je crois que le voyage va encore être long ! Et en même temps, j’ai l’impression, je me convaincs, que ce voyage ne peut pas se faire sans moi. Au diable mon hasard, je veux peser de toute ma nécessité.

     

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